Je l’avais de si près tenu. Deux femmes de la Hague dans les années 20
Une pièce de Yoland Simon, auteur dramatique qui a passé une partie de sa jeunesse à Digulleville dans la Hague. La pièce montre deux femmes de la Hague après la guerre de 14 dont les destins sont opposés. Elles étaient amies et sont devenues belles-sœurs après avoir épousé deux frères. L’un était douanier et l’autre paysan. Il s’agit d’une situation très commune à cette époque, particulièrement dans la Hague où les douaniers étaient nombreux. Devenir douanier ou gendarme était un modèle classique d’ascension sociale. Son fils a poursuivi cette logique en devenant instituteur.
Mais la guerre a modifié la donne. Esther a perdu successivement son mari douanier et son fils instituteur. Elle place donc toutes ses raisons de vivre dans l’évocation de l’héroïsme des combattants en cultivant les souvenirs et en fréquentant les commémorations. Le fils de Julienne est au contraire revenu de la guerre et a repris le travail à la ferme. Julienne aime les plaisirs simples de la vie, les confitures, les gâteaux, les homards, le travail quotidien, les enfants. Elle hait la guerre et les commémorations qui glorifient la réalité de ce que fut la guerre.
La pièce raconte donc l’affrontement de ces deux points de vue. Les deux femmes oscillent entre la tendresse, l’ancienne complicité, les souvenirs de leur enfance, leur amitié et le poids de ce passé récent qui plombe leur relation. D’autant plus que le fils de Julienne en rentrant de la guerre a épousé la fiancée de celui d’Esther… Elle voit donc le petit-fils de Julienne comme celui qu’elle aurait dû avoir.